mercredi 13 novembre 2019

Ulysse 31 en blu-ray : les dix commandements (9 & 10)

Voici la fin de notre grand feuilleton : les dix commandements à suivre pour faire une édition d'Ulysse 31 en blu-ray qui soit à la hauteur des attentes et qui corrige les erreurs du passé.

Les huit premiers commandements étaient :
1. D'une source argentique tu partiras
2. L'étalonnage tu soigneras
3. L'épisode pilote tu proposeras
4. Tu n'abuseras point de la compression
5. Tu ne zoomeras point
6. La version en 156 épisodes tu proposeras
7. Avant le premier épisode, point de résumé ne mettras
8. Les génériques point ne négligeras


9. La version japonaise tu proposeras

Ulysse 31 est une série franco-japonaise. Le scénario et les dialogues français, écrits par Nina Wolmark et Jean Chalopin, ont été adaptés en japonais par Yoshitake Suzuki, sous la supervision des auteurs français. La version française de la série constitue donc sa véritable « version originale » ; toutefois, l'écriture même de la série ayant été influencée par ses conditions de production, ainsi que par les remarques et interventions des producteurs japonais, on aurait tort de continuer à négliger sa version japonaise. Négliger ? Le mot est faible : hormis un épisode bonus proposé dans la défunte édition Premium chez IDP en 2005, il reste à peu près impossible de voir des épisodes d'Ulysse 31 en japonais aujourd'hui. Cherchez sur Youtube… à l'heure actuelle, aucun épisode (hormis le fameux épisode pilote) ne semble disponible en japonais.

Ce qui complique un peu les choses, c'est qu'il existe deux versions japonaises :
– la version de 1981, avec les musiques de Denny Crockett et Ike Egan (mais un montage musique totalement différent du montage français),
– la version de 1986, avec une nouvelle partition de Kei Wakakusa.


Une belle réédition d'Ulysse 31 se devrait, me semble-t-il, de proposer au moins l'une des deux versions japonaises (de préférence la première, évidemment), avec un sous-titrage de qualité. Cela offrirait au spectateur français l'occasion de redécouvrir la série sous un jour différent. Pour ceux qui, éventuellement, hésiteraient à racheter une série qu'ils possèdent déjà en DVD, cela constitue un argument supplémentaire en faveur de cette réédition.

Le luxe serait d'avoir le choix entre les deux versions japonaises, ce qui permettrait aux fans les plus obsessionnels de les comparer… mais nous touchons là, sans doute, au domaine du rêve.


10. Le droit d'auteur tu respecteras

Cela semble-t-il évident ? Rééditer une œuvre ne devrait se faire que dans le respect de ses créateurs. Pourtant, les contre-exemples existent. Nul besoin de rappeler la nébuleuse affaire Goldorak, dont l'édition DVD à la fin de l'été 2005 avait défrayé la chronique judiciaire et mis le web geek français en ébullition. Respecter le droit d'auteur, ce n'est pas uniquement une question de contrat signé et d'argent qui passe de main en main ; respecter le droit d'auteur c'est d'abord se plier au droit moral, qui est inscrit dans la loi française et qui stipule notamment :

L'auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre.
Code de la propriété intellectuelle, article L.121-1.

Ce droit a pourtant bel et bien été violé, concernant Ulysse 31, et l'est encore actuellement. Car sur les jaquettes des deux coffrets DVD édités par IDP depuis 2007, ainsi que sur les jaquettes de chacun des huit DVD contenus dans ces coffrets, les crédits sont entachés d'approximations et d'omissions désolantes.

Voyez plutôt.


La première chose qui fait bondir, c'est que le nom de Nina Wolmark (qui est coauteur, avec Jean Chalopin, de l'idée originale, du scénario et des dialogues d'Ulysse 31) est totalement absent de ces crédits. Jean Chalopin devient donc, seul, auteur de l'idée originale… Mais alors, qui a écrit le scénario et les dialogues ? Personne : Jean Chalopin n'a écrit que la « structure scénaristique » (!).

Immédiatement après, on constate également que le noms des dessinateurs français sont également oubliés : exit François Allot et Philippe Adamov, qui ont pourtant imaginé et conçu graphiquement les principaux décors et beaucoup des personnages secondaires.

Enfin, histoire de mettre en évidence l'amateurisme complet de ces jaquettes, notons que René Borg est devenu « conseillé artistique », ce qui continue de me faire rigoler (il en faut peu). Oh, il y a d'autres erreurs encore, comme l'oubli du producteur Yutaka Fujioka, sans qui Ulysse 31 n'aurait jamais pu exister.

À l'époque où ces DVD sont sortis, si Nina Wolmark, Jean Chalopin, François Allot et Philippe Adamov (à un moindre degré pour Allot et Adamov car en tant que dessinateurs, la loi française ne les considère pas comme auteurs de l'œuvre audiovisuelle) s'étaient présentés devant un tribunal, j'ai tendance à penser qu'ils auraient pu, sans peine, faire retirer de la vente cette édition et obtenir la destruction du stock. Nina Wolmark, particulièrement lésée par l'absence complète de son nom, aurait pu (aurait dû ?) le faire. Mais les auteurs français sont sans doute moins procéduriers qu'on le pense, ou moins attentifs. Quand il s'agit d'erreurs aussi énormes, je pense qu'ils ont tort. Je pense aussi qu'une jaquette, comme la couverture d'un livre, ne doit pas indiquer n'importe quoi.

Mais ce n'est que mon opinion.

Les crédits tels qu'ils apparaissent dans le générique français et le générique américain.
Bien entendu, les deux créateurs sont nommés !


À suivre…

Nous sommes arrivés au terme de ces dix commandements. Il y a encore des impératifs que je n'ai pas mentionnés, parce qu'ils me semblent évidents, mais on peut les signaler rapidement :
– respecter l'ordre original de diffusion des épisodes sur FR3,
– ne pas supprimer (ça s'est vu !) les écrans présentant le titre de l'épisode sur fond de nébuleuse,
– ne pas s'emmêler les pinceaux dans la cadence de l'image (qui est à 25 images par seconde, et non 24), pour éviter de se retrouver avec une bande sonore qui passe au ralenti comme dans la triste édition Blu-Ray de Goldorak.

Aujourd'hui, le plus important, c'est que les fans, les amateurs, les spectateurs restent attentifs et capables de se mobiliser. Si un éditeur se lance dans une restauration d'Ulysse 31, cela lui coûtera très cher et peut-être aura-t-il besoin d'un soutien concret sous forme de financement collaboratif ; mais cela ne devrait se faire que sur un contrat clair, qui comportera des engagements précis, notamment, pourquoi pas ? l'engagement de respecter un certain nombre des commandements que j'ai proposés. Alors là, oui, cela en vaudrait vraiment la peine.

À suivre…

© Hervé Lesage de La Haye, octobre 2019.

lundi 7 octobre 2019

Ulysse 31 en blu-ray : les dix commandements (7 & 8)

Suite de notre grand feuilleton : les dix commandements à suivre pour faire une édition d'Ulysse 31 en blu-ray qui soit à la hauteur des attentes et qui corrige les erreurs du passé.

Les premiers commandements étaient :
1. D'une source argentique tu partiras
2. L'étalonnage tu soigneras
3. L'épisode pilote tu proposeras
4. Tu n'abuseras point de la compression
5. Tu ne zoomeras point
6. La version en 156 épisodes tu proposeras


7. Avant le premier épisode, point de résumé ne mettras

C'est l'une des petites bêtises qui agacent depuis qu'Ulysse 31 existe en DVD et qui n'a jamais été corrigée : au début du premier épisode, avant le générique, il NE doit PAS y avoir le résumé du premier épisode !
« Le trente-et-unième siècle. C'est parce qu'Ulysse avait terrassé le Cyclope, et ainsi sauvé Télémaque, Thémis et Noumaïos, que les dieux de l'Olympe imaginèrent cette terrible vengeance… »

Ce résumé, cher à la mémoire de tous les amateurs d'Ulysse 31, a été conçu pour que le spectateur qui a raté le début de l'aventure puisse prendre la série en cours de route. Il doit donc être présent au début de chaque épisode de 26 minutes… à partir du second épisode seulement.

Rappelons aussi que dans la version en 156 épisodes de 5 minutes, il n'y a pas de résumé du tout.


8. Les génériques point ne négligeras

Cela peut sembler une évidence, mais ça va mieux en le disant : concernant les génériques français de début et de fin, le spectateur doit pouvoir choisir entre les chansons correspondant à la première diffusion (interprétées par Lionel Leroy), et la chanson correspondant à la majorité des rediffusions à partir de 1983 (« Ulysse revient », interprétée par Jacques Cardona). Cela vaut aussi bien pour les génériques longs de la version en 26 épisodes que pour les génériques abrégés de la version en 156 épisodes.

 

Parlons maintenant de l'image. Dans toutes les éditions commercialisées par IDP depuis vingt ans, le générique de début est miné par deux problèmes :
– master vidéo médiocre, avec ces images pâles et légèrement bleutées, loin des couleurs éclatantes que l'on a pu voir à la télévision ; d'ailleurs le générique japonais proposé en bonus dans l'édition Premium est déjà infiniment meilleur ;
– partant de ce mauvais master, IDP a dégradé encore ce générique par trop de compression ; cela génère, dans presque tous les plans, les « images fantômes » dont nous avons déjà parlé.

Le générique de fin, sans doute parce que le matériel disponible était de piètre qualité, n'est guère mieux loti. Et pour ne rien simplifier, il en existe deux versions : dans la seconde version, les textes ont été refaits, avec quelques fautes de frappe, et surtout, le texte est différent pour les crédits musicaux (les mentions « Osmond Studios » et « Editions Radmus New-York » ont été ajoutées ; il est probable que cet ajout soit la raison pour laquelle ce nouveau générique de fin a été créé, à une date que j'ignore, 1983 peut-être).

Ce second générique est celui qui a été utilisé dans les éditions VHS des années quatre-vingt, certaines rediffusions télévisées, ainsi que les premières éditions vidéo commercialisées par IDP : cassettes VHS en 1999, puis DVD en 2002. On reconnaît cette version à sa luminosité nettement trop forte, comme une photo surexposée, brûlée par endroit, et aux crédits contenant des fautes (« Adanov » au lieu de « Adamov », « Polidor » au lieu de « Polydor »).

Version refaite
présente en VHS et sur la 1re édition DVD
Version d'origine
présente sur les éditions DVD de 2005 et 2007


Depuis 2005, IDP nous gratifie d'un nouveau master, conforme au générique de la première diffusion télévisée, mais l'image est sombre et mal définie… c'est à peine mieux. Et… au lieu d'être coupée à droite, l'image est coupée à gauche.

Version refaite
(édition DVD de 2002)
Version d'origine
(éditions DVD de 2005 et 2007)

Quand on compare ces différentes captures d'écran, on se rend compte qu'aucune des versions n'est satisfaisante. En 2002, il manque une partie du robot jaune, que l'on récupère en 2005, mais alors c'est le visage de Thémis qui est rogné ; et dans les deux cas, les traits des personnages sont indistincts et le titrage peu lisible.

Enfin, il ne faut pas oublier d'intégrer les génériques courts, ceux qui correspondent à la version en 156 épisodes (générique de début : 46 secondes ; générique de fin avec la mention « à suivre » : 18 secondes).

À ce jour, cet écran mythique reste inédit en VHS et en DVD.

Ce n'est pas tout ! Dans toutes les éditions DVD, il manque les dernières secondes du générique de fin. Voici un montage réalisé à partir d'un DVD auquel j'ai ajouté les secondes manquantes, provenant d'une vieille édition VHS.


La moindre des choses, sur une réédition, serait que ce générique soit enfin proposé en entier, sans coupure.

La morale de tout cela, c'est qu'il y a, en apparence, un énorme travail à faire pour restituer aux génériques d'Ulysse 31 leur splendeur perdue. En réalité, si les précédents commandements sont respectés (partir d'une source pellicule, soigner l'étalonnage, ne pas zoomer), les choses vont, si l'on peut dire, se faire naturellement. Il ne faut simplement pas oublier, comme ce fut le cas lors de l'édition Premium, que les génériques font partie intégrante de l'œuvre — oubli d'autant plus dommageable que ces génériques ont joué un rôle considérable dans le succès d'Ulysse 31 et dans son accession au rang de classique.



Suite des dix commandements :
9. La version japonaise tu proposeras
10. Le droit d'auteur tu respecteras

© Hervé Lesage de La Haye, octobre 2019.

samedi 21 septembre 2019

Ulysse 31 en blu-ray : les dix commandements (5 & 6)

Suite de notre grand feuilleton : les dix commandements à suivre pour faire une édition d'Ulysse 31 en blu-ray qui soit à la hauteur des attentes et qui corrige les erreurs du passé.

Les premiers commandements étaient :
1. D'une source argentique tu partiras
2. L'étalonnage tu soigneras
3. L'épisode pilote tu proposeras
4. Tu n'abuseras point de la compression


5. Tu ne zoomeras point

Depuis les premières diffusions d'Ulysse 31, nous sommes habitués à voir des master vidéo dans lesquels l'image a été zoomée. Si l'on compare les photogrammes qui apparaissent sur la pellicule 35 mm et les images issues des différentes éditions DVD, on constate, en effet, que le cadre original a été fortement resserré.


Les parties de l'image qui manquent sur le DVD apparaissent ici en négatif.

D'ailleurs, dans le générique de fin, l'image actuellement proposée en DVD est à ce point zommée qu'un nom sort du cadre et perd sa dernière lettre !

Dans le générique de fin, le nom de Motoyoshi Tokunaga est coupé.

Une restauration à partir de la pellicule permettrait, enfin, de profiter de l'image dans sa totalité. Sa totalité, ça veut dire offrir l'image telle quelle, sans modifier le cadrage, et non pas, comme l'a fait Procidis pour Il était une fois... l'homme et Il était une fois... la vie, ouvrir le cadre à gauche et à droite mais le fermer en haut et en bas, avec l'objectif de transformer une image de proportions 4/3 en image approchant du 16/9.

Ce sixième commandement en contient donc un autre : tu ne recadreras point.


6. La version en 156 épisodes tu proposeras

On l'a un peu oublié, mais initialement, la série Ulysse 31 a été diffusée à la télévision sous forme d'un court feuilleton quotidien, constitué de 156 épisodes de 5 minutes. Ceux qui ont vécu cette expérience peuvent témoigner de l'intense suspense que cela engendrait, et je ne suis pas loin de penser que cet épisode quotidien d'Ulysse d'une brièveté redoutable a beaucoup contribué au succès de la série, en l'installant dans la vie quotidienne des jeunes spectateurs et en transformant chaque journée en une longue attente, l'attente de la suite du feuilleton.

Source : http://greniertv.over-blog.com

Est-il possible de revivre cette expérience aujourd'hui, de la recréer chez soi pour une nouvelle génération de jeunes spectateurs ? Non. Les épisodes sont désespérément figés dans leur carcan de 26 minutes, et le fameux écran « à suivre » a totalement disparu.

Pour autant, est-ce une fatalité ? Absolument pas. Aujourd'hui (et, en fait, depuis que le DVD existe) la technique permettrait tout à fait de laisser le choix : visionner Ulysse 31 sous forme de 26 épisodes complets, ou bien sous forme d'un feuilleton de 156 mini-épisodes. Sur un DVD comme sur un disque Blu-Ray, en effet, la technique dite du seamless branching (qu'on pourrait traduire par « aiguillage automatique ») permet d'offrir sur un même support plusieurs versions de la même œuvre (par exemple, la version cinéma et la version longue du même film). Avant de commencer le visionnage, on indique son choix à l'aide d'un menu, et la machine fait le reste.

Un éditeur avisé pourrait donc proposer les deux versions d'Ulysse 31 ; la principale conséquence, c'est qu'il faut restaurer également les génériques ultra-courts (début et fin) qui accompagnent chaque épisode de 5 min. N'est-ce pas cela, le principe même d'une restauration : permettre de revoir une œuvre telle qu'elle a été vue initialement ?



Suite des dix commandements :
7. Avant le premier épisode, point de résumé ne mettras
8. Les génériques point ne négligeras
9. La version japonaise tu proposeras
10. Le droit d'auteur tu respecteras

© Hervé Lesage de La Haye, septembre 2019.

jeudi 5 septembre 2019

Ulysse 31 en blu-ray : les dix commandements (3 & 4)

Suite de notre grand feuilleton : les dix commandements à suivre pour faire une édition d'Ulysse 31 en blu-ray qui soit à la hauteur des attentes et qui corrige les erreurs du passé.

Les deux premiers commandements étaient :
1. D'une source argentique tu partiras
2. L'étalonnage tu soigneras


3. L'épisode pilote tu proposeras

C'est le bonus que tout le monde attend depuis bientôt quinze ans. Il est incontournable.

A ce jour, il n'a jamais été vu autrement que sur Internet, sous la forme d'une copie japonaise très dégradée et de faible définition. Une seule et unique fois, il a été montré lors d'une projection publique, au festival Les Utopiales de Nantes, le 30 octobre 2016, mais le master n'était guère meilleur.

En fait, pour une série comme Ulysse 31 que tous les amateurs possèdent déjà en DVD, la présence de cet épisode constituerait l'une des seules vraies bonnes raisons pour mettre de nouveau la main au porte-monnaie.

Il doit donc être présent, avec une qualité d'image équivalente à celle de la série elle-même, c'est-à-dire en haute-définition, restauré à partir du matériel 35 mm d'origine. Il doit être proposé dans sa version française ET sa version japonaise sous-titrée, car les deux bandes-son comportent des différences considérables.

Attention ! le montage français et le montage japonais ne sont pas absolument identiques. Il appartiendra à la personne chargée de l'authoring, c'est-à-dire la confection des supports (blu-ray, DVD) d'en tenir compte. Rappelons que la technique du « seamless branching » permet de proposer sur un même disque deux montages différents du même film, sans qu'il soit nécessaire de doubler l'espace de stockage.

 


4. Tu n'abuseras point de la compression

Il est loin de temps où, sur un cassette VHS, chaque image d'un programme audiovisuel était stockée à égalité avec les autres. Aujourd'hui, les formats vidéo de grande diffusion (DVD, Blu-Ray, mais aussi certains formats de streaming) reposent sur la compression des données et notamment, sur un principe étonnant, celui des images-clefs (keyframes). Cela veut dire que sur votre DVD, certaines images de la vidéo sont stockées telles quelles et que les images intermédiaires sont stockées sous forme de données partielles, puis reconstituées.

Cette technologie a fait ses preuves, mais elle implique un travail : la fabrication d'un DVD passe par une étape technique où il faut choisir un équilibre entre la capacité du disque et la quantité d'informations que l'on souhaite y stocker ; cette quantité varie en fonction de la durée de la vidéo, du nombre de bandes-sonores proposées, mais aussi de qualités intrinsèques au film lui-même : brièveté des plans, rapidité du montage, mouvements de caméra vont augmenter la masse de données à traiter.

Qui dit « choix » dit possibilité de se tromper et toutes les éditions DVD d'Ulysse 31 à ce jour le prouvent, malheureusement.

Depuis 2005, le corps même des épisodes est relativement préservé ; le générique de début ainsi que le résumé qui lui sert de prologue, en revanche, sont gravement affectés par une compression excessive et c'est immédiatement visible : la totalité de ces séquences sont peuplées d'images fantômes, c'est-à-dire d'un défaut qui fait apparaître à l'image, en superposition, des éléments (généralement, des contours) qui proviennent de l'image précédente. Ces fantômes sont fugitifs, car le montage est rapide, mais l'oeil peut les saisir au passage. Lorsque l'on fait un arrêt sur image, ça devient un véritable festival ; on peut ainsi admirer un Télémaque avec quatre yeux…

Vous pouvez cliquer sur chaque image pour l'agrandir et faire la chasse aux fantômes.


Suite des dix commandements :
5. Tu ne zoomeras point
6. La version en 156 épisodes tu proposeras
7. Avant le premier épisode, point de résumé ne mettras
8. Les génériques point ne négligeras
9. La version japonaise tu proposeras
10. Le droit d'auteur tu respecteras

© Hervé Lesage de La Haye, septembre 2019.

vendredi 30 août 2019

Ulysse 31 en blu-ray : les dix commandements (1 & 2)

Comme je l'ai récemment annoncé sur la page Facebook Génération Ulysse 31, une édition d'Ulysse 31 sur support blu-ray est actuellement préparation chez un éditeur français.

La nouvelle a de quoi soulever l'enthousiasme. Elle a, aussi, de quoi inquiéter, car dans le domaine de l'édition de séries animées anciennes, les expériences malheureuses ne manquent pas. Et pour ce qui concerne Ulysse 31, les précédentes éditions sur support DVD (trois éditions successives ont paru depuis 2002 !) ne sont pas irréprochables, loin s'en faut.

C'est pourquoi je propose d'énoncer les dix commandements que cet éditeur devrait suivre s'il veut que cette réédition soit une réussite et que cette réussite devienne un événement.

Aujourd'hui, les deux premiers commandements, qui portent principalement sur l'image !


1. D'une source argentique tu partiras

Négatif 35 mm du premier épisode
La série Ulysse 31 a été, comme les autres productions du studio TMS de la même époque, photographiée sur film 35 mm. C'est le cas, également, de son épisode pilote réalisé en 1980.

Aujourd'hui, une réédition d'Ulysse 31 n'a de sens que si un nouveau master numérique est fabriqué à partir de la meilleure source analogique disponible, donc, dans l'idéal, le négatif 35 mm, propriété de TMS et vraisemblablement conservé dans un laboratoire japonais. Le négatif original, s'il a été stocké dans le bonnes conditions, mérite les honneurs d'un scan image par image au standard 4K.

Si le négatif n'est pas accessible ou s'il a subi les outrages du temps, il reste la solution de se rabattre sur un tirage 35 mm positif ou sur les copies d'exploitation 16 mm qui étaient fournies aux chaînes de télévision à l'époque. Dans ce cas, un scan au standard 2K s'impose.

Négatif 16 mm de Nérée
Toute autre solution, notamment celle qui consisterait à fabriquer un master haute définition (HD) à partir d'une source vidéo en définition standard (comme l'a fait Kazé pour Les Mystérieuses cités d'or) serait un gâchis ; et la commercialisation sur un support HD (disque blu-ray ou VOD) qui proviendrait de cette source relève de ce que l'on appelait autrefois le gonflage et frôlerait l'escroquerie.

Par ailleurs, à partir du moment où l'on utilise comme source un support analogique comme un film 16 ou 35 mm, il faut en respecter les qualités propres. J'entends par là, ne pas chercher à effacer le grain en appliquant sauvagement des filtres de type DNR simplement parce que notre œil n'est pas habitué à voir la série sous cette forme : cette image en haute définition est son apparence d'origine ; effacer le grain pour lui restituer l'apparence qui nous est familière, c'est-à-dire l'apparence dégradée des masters vidéos postérieurs, serait un contresens absolu.

Un mot sur le son. Les films d'Ulysse 31 étaient en « double bande », c'est-à-dire qu'à chaque bobine image correspond une bobine magnétique de même format contenant le son : sur ces photos, je donne un aperçu des films 35 et 16 mm n'ont pas de piste sonore.

Positif 16 mm du générique
Pour que la qualité sonore du blu-ray soit la meilleure possible, il faut repartir de la source magnétique la plus ancienne possible (monter le plus possible en amont de la chaîne de fabrication, pour éviter de numériser une copie de copie de copie... dont le signal est dégradé).

Dans les deux dernières éditions DVD parues chez IDP, il subsiste des défauts dans la bande-son, comme le tout début de l'épisode Ulysse rencontre Ulysse (on entend de façon nette que la musique de fond est dégradée, comme lorsqu'une bande audio subit des variations dans sa vitesse de déroulement). Ces défauts, espérons-le, seront absents du master utilisé pour le blu-ray.


2. L'étalonnage tu soigneras

Depuis 2005, la qualité d'image proposée sur les DVD publiés chez IDP est globalement bonne... mais la luminosité, le contraste et les couleurs varient fortement d'un épisode à l'autre. Et sur la quasi-totalité de la série, le contraste est poussé trop loin : certains plans de Sisyphe sont extrêmement sombres, presque indistincts. Et comme l'a souligné Olivier Putschkar il y a déjà longtemps, la comparaison avec les VHS japonaises permettent de se rendre compte que dans nos masters français, beaucoup de décors se perdent dans la pénombre alors qu'ils sont visibles pour les spectateurs japonais.

Finalement, si l'on met côte à côte les écrans-titre de chacun des 26 épisodes (écrans qui devraient avoir une apparence absolument identiques, puisqu'ils présentent la même image), le résultat est confondant : il existe des variations considérables d'un épisode à l'autre en termes d'étalonnage.

Il faut souhaiter que ce problème ne soit plus qu'un mauvais souvenir dans l'édition blu-ray qui se prépare. Pour éviter cet écueil, je fais cadeau à l'éditeur d'un outil tout simple : placer les 26 écrans-titres côte à côte et voir si des disparités se font jour. S'il y en a effectivement, c'est que le travail n'est pas terminé. (Et vous jugerez, ci-dessous, si dans les DVD actuels le travail d'IDP sur l'image était terminé ou pas.)


Suite des dix commandements :
3. L'épisode pilote tu proposeras
4. Tu n'abuseras point de la compression
5. Tu ne zoomeras point
6. La version en 156 épisodes tu proposeras
7. Avant le premier épisode, point de résumé ne mettras
8. Les génériques point ne négligeras
9. La version japonaise tu proposeras
10. Le droit d'auteur tu respecteras

© Hervé Lesage de La Haye, août 2019.