Pot pourri • Chostakovitch • Cités d'or • Dents de la mer • Grieg • Haneda • Iron Maiden • Mondes engloutis • Pink Floyd • Prokoviev • Sheller
Cela fait longtemps que j'y songeais, sans trop savoir comment construire la chose ni la présenter. Pour le contenu, en revanche, les idées étaient là : vingt ans ont passé depuis que j'ai bricolé mes premières compilations musicales sur cassettes audio pour certains amis — le désir de partager et faire découvrir est intact. Aujourd'hui, la technologie me permet de recommencer.
Il y a donc, bien sûr, de la musique à écouter. À l'aveugle, ou presque : un titre, un genre, rien de plus. Et une liste de mots-clefs (des noms de compositeurs, des titres de films, de dessins animés…) qui permettent de situer les contrées où l'on s'aventure.
Ensuite, si vous le souhaitez, il y a mes petites notices bavardes. Au temps des cassettes, j'en écrivais déjà, d'abondantes. Ici j'ai tenté de me restreindre ; mais pour être sûr de ne pas vous assommer ou (pire) vous dissuader de vous plonger dans l'écoute, ces notices sont dissimulées. À vous de choisir à quel moment vous souhaitez les découvrir et (éventuellement) les lire. Mon conseil serait : après la première écoute. Mais jamais est possible également.
En fin de compte, le plus long aura été la résolution des points techniques soulevés par cette rubrique (trouver un lecteur convivial pour l'écoute des morceaux, trouver un script permettant de masquer les notices, construire la page). Je tiens à remercier Sylvain Chabert pour son aide toujours précieuse.
Une dernière chose : ces morceaux ne sont pas destinés au téléchargement. Je compte sur vous pour n'en faire aucun usage contraire à la loi. Ils sont en ligne de façon temporaire, jusqu'à la prochaine édition de cette liste d'écoute.
Faites-vous plaisir, et à bientôt.
1. Toccata
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Le moins que l'on puisse dire est que je n'ai jamais été un inconditionnel de Prokofiev ; voilà quinze années que dans mon esprit, je l'oppose systématiquement à Chostakovitch, que je vénère. Mais il est arrivé que certaines perles de sa musique pour piano, arrivées à mon oreille par l'intercession d'un proche, aient retenu mon attention et même ébranlé mes préjugés à son encontre. C'est le cas de cette Toccata, pièce hallucinante dans ses effets autant que dans sa concision, que je considère comme un des sommets absolus de la musique pour piano du XXe siècle. C'est dans cette interprétation de Frédéric Chiu que je l'ai entendue pour la première fois, il y a une quinzaine d'années. La voici.
Durée : 4'12
Serguei PROKOFIEV, Toccata en Ut majeur, op. 11
Frédéric CHIU, piano.
Serguei Prokofiev, Works for Piano, Vol. V, Harmonia Mundi, 1996.
2. Découverte de l'Orca
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Proposer à l'écoute des pages peu connues de compositeurs connus sera aussi l'un de mes plaisirs. En ce début de XXI
e siècle, quel domaine musical contemporain peu se targuer de rassembler une audience aussi large, mondiale sinon universelle, que la musique de film ? Et dans le domaine de la musique de film, quel compositeur d'aujourd'hui a touché autant de public que John Williams, auteur des partitions des six films de la saga Star Wars, des quatre Indiana Jones, de
Jurassic Park et des premiers Harry Potter — sans oublier
Les Dents de la mer et même (on aurait tendance à l'oublier)
Maman j'ai raté l'avion ? Personne, c'est entendu. Vous dire mon admiration pour l'œuvre de John Williams serait alors aussi ennuyeux que d'évoquer mon amour pour la cinquième de Beethoven ou pour les films de Kubrick.
Toutefois, la production considérable de John Williams comporte beaucoup de pages peu célèbres ou même inaccessibles. Je vais donc m'employer, dans les mois qui viennent, à vous en faire entendre quelques-unes.
Pour commencer, je vous propose cette ouverture du film
Les Dents de la mer, 2e partie (Jeannot Swarc, 1978), qui couvre les trois premières minutes du film. La première minute et demie de la partition accompagne les vues sous-marines qui soutiennent le générique, moment étrange où se mêlent féérie visuelle et inquiétude sonore, forme de fantasmagorie subtile d'une finesse que le film peinera à retrouver. La suite de la musique accompagne la découverte d'une épave sous-marine, celle du bateau qui a coulé à la fin du premier film, l'Orca.
Durée : 3'18
Jaws 2, Original Motion Picture Soundtrack
Musique composée et dirigée par John WILLIAMS
MCA Records, Inc. / Varèse Sarabande
3. Vers le nouveau monde
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Mon principal plaisir, en vous proposant cette sélection, c'est de vous offrir à l'écoute des pièces que j'aime et qui ne sont pas forcément d'accès aisé, même à l'heure d'Internet. C'est le cas de cette pièce hors du commun composée par Kentarō Haneda (1949-2007) pour la bande originale de la série animée japonaise Cobra (produite par le studio TMS en 1982 et diffusée en France à partir de 1985). Peu versé en musique d'extrême orient, guère plus en musique d'écran du cinéma japonais, j'ai toujours eu le sentiment, dans mes quelques promenades dans le domaine de la BO japonaise, notamment pour le petit écran, que les compositeurs se distinguent de leur homologues occidentaux par une absence totale de complexes (certains diront de scrupules) ; pour Kentarō Haneda comme pour beaucoup de ses confrères de la même période, à la recherche de l'effet, fût-il raffiné, préside une règle et une seule : tout est permis.
Ici, donc, Dvořák est convoqué dans une envolée big-band stupéfiante, susceptible d'horrifier les auditeurs occidentaux les moins farouches, ou d'émerveiller ceux qui savent s'incliner devant l'improbable, l'inattendu, l'inentendu. Pour ma part, fasciné, ravi, je m'incline.
Durée : 1'36
スペースコブラ・コンプリート・サウンドトラック
Cobra Complete Soundtrack
Musique composée par Kentarō HANEDA
Columbia Music Entertainment, Inc., 2004.
4. Prinsessen
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Ceux d'entre vous qui me connaissent savent que Grieg est mon compositeur fétiche depuis pas loin de vingt-trois ans. Je vous proposerai très prochainement, ici-même, une sélection des plus belles pages inconnues de Grieg. Entre temps, comme mise en bouche, je vous offre cette brève mélodie que j'aime énormément, pour sa simplicité et son étrangeté à la fois — pour sa fin, par exemple, qui n'en est pas une.
Durée : 3'01
Edvard GRIEG, Prinsessen, EG 133.
Texte : Bjørnstjerne BJØRNSON.
Monica GROOP, mezzo-soprano. Roger VIGNOLES, piano.
Grieg, the Complete Songs vol. 7, BIS Records AB, 2008.
5. Le Grand Héritage
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Cette pièce est extraite de la musique écrite par Haim Saban et Shuki Levy pour la série animée télévisée Les Mystérieuses cités d'or, qui demeure leur chef-d'œuvre. Malgré un 33 tours paru à l'époque et présentant quelques extraits de la BO, les enregistrements originaux sont considérés comme perdus. Un fan probablement fou à lier, Yannick Rault, a donc entrepris de reconstituer toutes les musiques de la série, du mieux possible, à l'oreille, et de les réenregistrer. Le résultat, plutôt impressionnant même si imparfait, a été publié au disque en 2002. Je vous en propose ici l'une des pages les plus saisissantes, qui glisse aux confins de la tonalité et me semble aller aussi loin que l'on peut dans le cadre d'une musique d'écran, électronique et destinée à un jeune public.
Durée : 1'40
Les Mystérieuses cités d'or : la bande originale du dessin animé réorchestrée (volume 2)
Musique composée par Haïm SABAN et Shuki LEVY
Réorchestration : Yannick RAULT
Loga-Rythme, 2002.
6. La Salle de commande
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Bien que tirée du film
Le Bar du téléphone (Claude Barrois, 1980), dont la BO reste à ce jour inédite en CD, cette pièce orchestrale a fréquemment été utilisée dans la bande-son du dessin animé
Les Mondes engloutis et c'est la raison de sa présence ici. Je lui ai donné pour titre La Salle de commande en souvenir d'une utilisation mémorable de cette musique dans l'épisode Les Pilotis du démon.
Je pense vous proposer prochainement une playlist entièrement consacrée à des pièces inédites des
Mondes engloutis !
Durée : 1'36
Bande originale du film Le Bar du téléphone
Musique de Vladimir COSMA
AZ, 1980.
7. Introduction & danse
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Chostakovitch, à mes yeux, est à la fois le plus grand compositeur russe du siècle (le XX
e, j'entends) et l'un des rares grands symphonistes de son temps (peut-être le seul). Il a signé un nombre important de musiques de films, pour beaucoup de productions soviétiques tombées dans l'oubli, à l'instar de
The Gadfly (Овод, « Le Taon » — Alexandre Feinzimmer, 1955). De la partition originale, l'orchestrateur Lev Atovmian a tiré une suite d'orchestre qui a connu les honneurs du disque, même si c'est loin des éditeurs et des interprètes prestigieux qui servent la gloire des pages de Chostakovitch jugées plus nobles. À l'écoute de ce merveilleux extrait de la suite The Gadfly op. 97a, on ne peut que le regretter : le compositeur livre l'une de ses pages les plus bouleversantes.
Durée : 6'59
Dmitri CHOSTAKOVITCH, suite tirée de The Gadfly, op. 97a
Orchestre symphonique de la RTBF, dir. José SEREBRIER
Shostakovitch, Film Music from "The Gadfly" & "Pirogov". RCA Victor, 1987.
8. Cantilène
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Surtout connu du grand public comme chanteur, William Sheller l'est un peu moins comme compositeur de musique instrumentale, bien qu'il ait signé plusieurs symphonies, concertos, pièces pour quatuor, et bien sûr pour piano. Sa musique a pourtant été à plusieurs reprises honorée par le disque et j'aurai maintes occasions de vous en faire écouter. Aujourd'hui, c'est une petite pièce pour piano seul que je vous livre, d'une grande simplicité mais dont les harmonies me fascinent. J'y entends quelque chose d'impressionniste qui me ramène indirectement à Grieg, via Fauré peut-être. Une perle posée dans l'un de ses plus beaux albums de chansons (Épures, 2004).
Durée : 2'45
Cantilène
Composé et interprété par William SHELLER.
William Sheller, Épures, Mercury France, 2004.
9. Interstellar Overdrive
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Pièce emblématique du Pink Floyd première manière, « Interstellar Overdrive » est l'un des rares morceaux de Pink Floyd que je continue d'écouter régulièrement. Ce joyau de l'improvisation psychédélique, enchâssé dans un thème sublime dont la dissolution puis le retour font à eux seuls le prix de tout le reste, a connu différents enregistrements et surtout différents mixages. La version la plus familière aux auditeurs d'aujourd'hui est certainement celle que l'on trouve sur l'album
The Piper at the Gates of Dawn dans son mixage stéréo, le seul qu'il ait été possible d'acquérir en CD pendant un temps trop long. Cette version, rendue pénible par des effets de latéralisation plutôt potaches, souffre également de certains choix bizarres dans l'équilibre des instruments, à commencer par la suppression pure et simple du clavier sur l'exposition du thème.
Ici, je vous propose d'entendre la même pièce dans son mixage mono d'origine, plus sobre, au son plus plein, avec bien sûr ce fameux clavier sur le tout début.
Pour le reste, je vous laisse faire le voyage, le refaire, le refaire encore. Pour moi, « Interstellar Overdrive » constitue aussi l'un de mes meilleurs souvenirs de musiciens, puisque j'ai eu le bonheur de le jouer avec le groupe Kube au cours de l'année 1998. Un exaltation mêlée de frustration (celle d'être bien en-deçà de ce qu'il faudrait donner) que l'on n'oublie pas.
Durée : 9'41
Interstellar Overdrive (mono)
Musique : Syd BARRETT, Roger WATERS, Richard WRIGHT, Nick MASON
Pink Floyd, The Piper at the Gates of Dawn, édition deluxe 40e anniversaire, EMI Records, 2007.
10. Remember Tomorrow
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Il me semblerait audacieux de prétendre convertir à Iron Maiden un auditeur réticent, tant le folklore qui entoure leur musique, attachant pour les fans mais pesant pour le prosélyte, s'accompagne de faux-pas musicaux trop réguliers pour être ignorés. Cette précaution prise, je revendique mon statut de fan, autant des faux-pas que du folklore, à ce point que j'envisage un jour de consacrer une playlist aux grandes chansons malades d'Iron Maiden. Pourquoi tant d'amour ? Parce que j'ai trouvé chez Iron Maiden des moments d'intense plaisir musical et que j'aime les bonnes surprises.
Pour le profane, il existe quelques portes d'entrées, mais elles sont pour la plupart bien cachées derrière la forêt luxuriante du kitsch où s'ébattent depuis 35 ans les musiciens de cette formation britannique. L'une d'entre elles est cet enregistrement live de Remember Tomorrow, capté pendant les concerts de chauffe qu'a donné Iron Maiden en Italie en octobre 1981, juste après l'embauche du chanteur Bruce Dickinson, avant d'entrer en studio pour enregistrer l'album The Number of the Beast. Dans cette prestation, Iron Maiden et sa nouvelles voix trouvent des accents qui plongent leurs racines dans le hard-rock des années soixante-dix, celui de Deep Purple et de Led Zeppelin. Les quelques mesures d'introduction, à elles seules, sont pour moi un véritable enchantement.
Durée : 5'27
Remember Tomorrow (live)
Paroles : Paul DI'ANNO
Musique : Steve HARRIS
Bruce DICKINSON, chant. Dave MURRAY & Adrian SMITH, guitares. Steve HARRIS, basse. Clive BURR, batterie.
Iron Maiden, The Number of the Beast, original album plus bonus CD, EMI, 1995.
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